Apartheid sur fond d’adieu à la Russie

« Désormais, aucune musique russe ne sera plus jouée dans mon Brussels International Music Academy, ni au festival & master classes « Music Academy FORTE », ni au Concours International de Piano « Merci, Maestro! » et Concours International WPTA Belgium. Je n’autorise plus les participants venant de Russie pour les projets internationaux ».

Voilà les mots que Natalia Chepurenko diffusait en août 2022. Arrivée d’Ukraine en Belgique en 1998, elle fonde en 2002 la Tchhaikvsky School. Puis l’école Tchaïkovski. Dans son message, la directrice explique qu’elle est diplômée de trois conservatoires, mais que c’est le Conservatoire Tchaïkovski de Kiev qui lui « a donné toutes les connaissances nécessaires pour poursuivre [son] développement en Europe ». Forte de cette imprégnation russo-musicale, la future directrice décidera« d’utiliser pour [son] école la même méthodologie qu’au Conservatoire Tchaïkovski de Kyiv ». 

Tout va bien jusque-là, la belgo-ukrainienne ne voyant pas encore en Tchaïkovski un russo-nazi, type bandériste ukrainien, et conserve pour son école le nom du compositeur. Mais « entre-temps, la guerre a commencé en 2014 lorsque des soldats russes ont commencé à occuper une partie de l’Ukraine ». Exit les responsabilités américaines dans le coup d’État de 2014, avec la distribution de petits pains par Victoria Nuland aux manifestants de la place Maïdan, qui verra ensuite le départ de Ianoukovytch destitué par le Parlement de manière anticonstitutionnelle et la mise en place d’un président intérimaire Oleksandr Tourtchynov. Ce même parlement qui votera quelques jours plus tard la fin du russe comme deuxième langue officielle… la directrice a dû apprécié. Motus également, ou aveuglement, sur les 15.000 morts dans le Donbass entre 2014 et le début officiel de la guerre en février 2022(1).

Pourquoi pas une déchéance de nationalité post-mortem pour le compositeur russe ? Puisqu’il demeure toutefois assez gênant que Natalia Chepurenko ait tiré la majorité de son enseignement d’une école qui portait le nom dudit compositeur; ou l’attribution des œuvres de Tchaïkovski à un compositeur urkainien? Car les connaissances de Madame Chepurenko restent entachées de la marque de la bête russe.

Alors que la Grande-Bretagne se demande encore si les Russes pourront concourir à Wimbledon, tout cela nous laisse un arrière-goût bien étrange, qui nous en dit long sur une caste politico-médiatique en roue libre, capable d’apartheid tout en se parant du costume démocrate.

« Je dis adieu pour toujours à tout ce qui est russe. Je dis au revoir à tout ce qui est bon, mauvais et tout de mon ancienne vie. Je crois et je sais qu’après toute l’horreur et le cauchemar, l’Ukraine sera reconstruite et elle sera encore plus belle, bien que vous ne puissiez pas rendre les vies perdues. AU REVOIR École de musique Tchaïkovski. Bienvenue dans mon école : BRUSSELS INTERNATIONAL MUSIC ACADEMY  ».

BRIMA est donc l’acronyme de sa nouvelle école. Le verbe brimer, signifie : « Faire subir à (quelqu’un) des vexations ou des contrariétés de façon continue ».

Un hasard ?

Alexandre Penasse

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